Avec les vagues de chaleur qui frappent la France ces dernières années, la climatisation a le vent en poupe. Traditionnellement, les systèmes de climatisation avaient mauvaise presse car ils affichaient une consommation d’énergie très importante. Seulement les progrès technologiques ont permis de corriger cet écueil. Quel meilleur moment, en effet, que la canicule pour s’intéresser à la performance de ces systèmes ?
Jusqu’à récemment, on ne trouvait en France que des climatiseurs dits « classiques ». Leur fonctionnement est simple : ils prélèvent l’air chaud d’une pièce, le refroidissent puis de le réinjectent. La méthode utilisée pour refroidir l’air est comparable à celle d’un réfrigérateur. L’air absorbé passe par un circuit chargé de fluide frigorigène qui absorbe les calories (la chaleur) de l’air. Ce procédé force ce liquide à s’évaporer, et il doit être à nouveau refroidi – grâce à l’intervention d’une source froide souvent gourmande en énergie – avant de pouvoir resservir.
Toutefois, ces systèmes sont progressivement remplacés par une nouvelle génération de climatiseurs : les pompes à chaleur réversibles. Elles offrent un triple avantage : chauffer votre logement l’hiver (mode pompe à chaleur) et le rafraîchir lors des périodes chaudes (mode climatiseur), tout en permettant des économies d’énergie énergétique. Ces dernières fonctionnent sur le même principe qu’une pompe à chaleur air-air simple qui puise de la chaleur dans l’air extérieur pour les diffuser à l’intérieur du logement – mais ne peut servir que de chauffage.
L’utilisation de la chaleur de l’air comme carburant
Les pompes à chaleur réversibles agissent également en tant que climatiseur. Ici, la pompe prélève la chaleur accumulée de l’air intérieur de la pièce et se sert de ses calories pour produire de l’air réfrigéré. Son fonctionnement est donc indépendant de la température extérieure du logement. En outre, elle permet une double action cumulative : elle pompe la chaleur de la pièce, et dans le même temps produit du frais grâce à cette chaleur, permettant de réduire la consommation énergétique nécessaire au refroidissement de l’air par le système.
Ce gain de performance est mesuré via le coefficient de performance (COP) qui représente le nombre de kWh de chaleur – ou de frais – produits, pour 1 kWh d’électricité consommée. Une pompe à chaleur air-air affiche généralement un COP compris entre 3 et 5 – ce qui revient à diviser par 3 ou 5 votre consommation énergétique et à ce titre est beaucoup plus intéressant qu’un système électrique.
Si la consommation d’énergie est réduite, une pompe réversible fonctionne également grâce à une énergie non fossile, et à ce titre réduit doublement des émissions de gaz à effet de serre du bâtiment. En outre, l’énergie électrique consommée en plus de l’air chaud de la pièce peut également provenir d’une source renouvelable, prolongeant encore le cercle vertueux.
Quel budget prévoir ?
Avantageuses pour l’environnement, les pompes à chaleur le sont également pour le porte-monnaie : elle permet une économie moyenne de 901 € par an. Cependant, le prix d’une pompe à chaleur réversible est en moyenne supérieur de 10 à 20 % par rapport à celui d’un appareil destiné uniquement au chauffage à puissance égale. Ce prix varie bien sûr selon le type de pompe à chaleur choisie, sa marque, du nombre de pièces chauffées, du climat… On estime qu’une PAC air-air pouvant chauffer une surface de 100 m² coûtera entre 5 000 et 8 000 €. A cela il faut ajouter des frais de main d’œuvre variant entre 3 000 et 5 000 € la pose.
C’est pourquoi l’Etat a décidé d’encourager le recours à ces pompes à chaleur. L’installation de tels systèmes peut en effet donner lieu à des aides financières publiques. Les deux principales sont :
- La Prime Energie, qui récompense les particuliers désireux de réaliser des travaux d’économies d’énergie
- Les aides de l’Agence Nationale pour l’Habitat (Anah) Elles sont principalement destinées aux logements les plus modestes. Elles peuvent atteindre jusqu’à 000 euros pour les propriétaires occupants « très modestes » et 1.600 euros pour les ménages « modestes ».
Le frein des réglementations en vigueur dans le bâtiment
En plus d’incitations fiscales et d’aides économiques, l’état a mis en place un ensemble de dispositions visant à renforcer l’usage de systèmes moins polluants. Ainsi, la RT 2012 impose que la consommation d’un immeuble ne dépasse pas 50 kWh d’énergie finale par m² et par an. Cela force le nouveau bâti à s’équiper d’appareils performants. On pourrait donc croire que ces dispositions sont de nature à promouvoir les pompes à chaleur, mais un paradoxe dans la réglementation en vigueur dans le bâtiment risque cependant d’avoir l’effet inverse.
La règlementation thermique de 2005 a introduit en France la distinction entre les énergies primaires et secondaires. L’énergie primaire, d’une part, désigne une énergie brute, disponible dans l’environnement sans transformation (gaz naturel, puissance du vent…). L’énergie secondaire, d’autre part, est une énergie obtenue par transformation d’une énergie primaire (combustion du fioul, fission nucléaire, raffinement…). L’électricité est une énergie secondaire comme elle est produite grâce à des énergies primaires.
L’impact écologique de sa production est donc pris en compte lors du calcul de l’empreinte écologique de l’électricité. Elle est aujourd’hui affectée d’un coefficient multiplicateur de 2,58 – c’est à dire qu’on estime qu’il faut 2.58 kWh d’énergie primaire pour produire 1 kWh d’électricité. Un chiffre largement contesté par la communauté scientifique, qui dénonce une pénalisation de l’électricité au profit de sources primaires plus polluantes (charbon, fioul…). Aussi, la surestimation de ce coefficient risque de ralentir le développement des pompes à chaleur – qui dépendent partiellement de l’électricité – en dépit de leurs nombreux avantages.